Laboratoire « Diraset Etudes Maghrébines »
L’autochtonie dans le Maghreb et en Méditerranée occidentale de la protohistoire aux temps modernes : Approches socio-cultelle et patrimoniale
Colloque international Etre autochtone, devenir autochtone : Définitions, représentations
Tunis 24-26 octobre 2019
Attilio Mastino
Natione Afer, Maurus, Libicus
Le thème de l’expression natione Afer que Patrick Le Roux a abordé ier et que nous abordons aujourd’hui a, comme nous le verrons, de profondes répercussions historiques, politiques, identitaires, qui frappent même la contemporanéité et concernent l’identité - principalement culturelle- de marins, soldats, auriges, gladiateurs, artistes, médecins, hommes et femmes engagés hors des provinces africaines. Mais il est clair que notre discours doit s’elargir à tout l’empire. Cette identité est également revendiquée par leurs héritiers survivants, qui ne semblent pas se soucier de la traditionnelle hostilité romaine vis-à-vis des pérégrins africains pour laquelle on avait même parlé de racisme et de xénophobie (pensons à l’exitiabile genus Maurorum). Les Africains qui se trouvaient dans des terres lointaines souhaitaient probablement souligner avec nostalgie leurs liens toujours présents avec leurs territoires d’origine, la valeur d’une autochtonie profonde et géographiquement enracinée d’une famille qui, même après son déplacement, continuait à ressentir qu’elle appartenait à un territoire lointain, car – et nous employons ici les mots de Cesare Pavese – « Un paese ci vuole, non fosse che per il gusto di andarsene via. Un paese vuol dire non essere soli, sapere che nella gente, nelle piante, nella terra c’è qualcosa di tuo, che anche quando non ci sei resta ad aspettarti » [Il faut avoir un pays, ne serait-ce que pour le plaisir de partir. Un pays signifie ne pas être seul, savoir que parmi les gens, parmi les plantes, sur la terre, il y a quelque chose qui t’appartient, qui même lorsque tu n’y es pas, t’attend]. C’est donc le refus de renoncer à ses propres racines, avec le rappel à une aire géographique à laquelle on appartenait non pas en tant que incolae extérieurs mais par le sentiment profond, par le lien culturel avec une série de générations précédentes, meme si tous les ancetres n’etaient pas africains et meme s’ils etaien citoyens romains. On perçoit également des sensibilités différentes sur le plan psychologique et ce que Ben Romdhane à Sousse dans Les Afri et leurs territoires à l’époque romaine a défini comme une alternance entre « conception ethno-identitaire » et « conception géo-admistrative ».
Ultimo aggiornamento Domenica 03 Novembre 2019 09:44